Quand Marie Drucker s'est offusquée qu'un mag relate sa relation avec un ministre, je me suis dit qu'elle avait un certain culot. Si elle voulait rester dans l'anonymat, elle n'avait qu'à sortir avec un caissier de Carrefour mais evidemment, c'est moins fun qu'un ministre en vue.
Il est donc temps que la presse francaise se lache un peu plus et l'arrivée d'un journal populaire en France est salutaire.
Il peut-être d'intérêt public de dévoiler la vie privée d'un ministre . Je ne voudrais pas être gouverné par un adepte de l'Eglise de scientologie, un alcoolique invétéré ou un mari violent.
Si l'on ne s'étonne pas de cette relation Drucker/Baroin , c'est peut-être parce qu'on accepte depuis trop longtemps en France la promiscuité entre le milieu politique et le milieu journalistique... faisant de notre presse francaise la voix de son maître, qui peine à sortir d'un discours consensuel.
Journaliste collaborateur du Sun et ancien feature writer à la rédaction du Sun à Londres (le seul francais a avoir jamais mis les pieds dans cette rédaction), je peux vous dire que l'ennemi numéro 1, c'est le "knee jerking journalism" ou comment courber l'échine devant des hommes politiques qui sont comme vous et moi, des hommes avec un peu plus de relations pour acceder au pouvoir ;-) (On y apprend en revanche le "earthquake journalism" (journalisme de tremblement de terre, journalisme sismique?) où comment, dans une frénésie jouissive, on peut changer la Une et transformer les quatres pages suivantes de A à Z jusqu'à une demi-heure avant le bouclage en sautant sur n'importe quel témoin oculaire, photographe ou expert disponible sur le territoire)
Bien que son directeur Chris Roycroft-Davis considère The Sun comme un "divertissement du matin", avant tout, il sait que sa puissance (3.5 millions d'exemplaires vendus chaque jour) donne une importance presque capitale à chaque info publiée. Au passage, chaque desk pouvant faire relire ses papiers par des avocats, salariés du Sun, avant l'heure du bouclage. Donc, à moins que l'homme politique en question soit vraiment très populaire, Le Sun n'hésite pas à le faire plier par des moyens divers quand le combat d'idées est trop difficile.
Ex: Le député George Galloway, farouchement opposé à la guerre, était la cible du Sun qui soutenait la position "patriote" du premier ministre Tony travailliste Tony Blair. Et tout était bon pour le discréditer: "Georges Galloway l'ami de Saddam", "Galloway islamiste" jusqu'à "Georges Galloway a une maitresse". Le Sun présentera finalement des excuses discrètes ("We are happy to correct the record and apologise to Mr Galloway for the error blablabla") pour s'être trompé.
Idem pour Andy Gilchrist, le chef du syndicat des pompiers à l'origine de grèves jugées inacceptables par Rebekah Wade, la rédactrice en chef (qui s'est faite connaitre quand, à la tête du News Of the World, elle lanca une campagne "named and shamed" avec les adresses et photos de dizaines de pédophiles ayant purgé leur peine). Les papiers "faits-divers" montrant des maisons incendiées où les pompiers sont arrivés trop tard n'ont jamais été si nombreux. Après avoir publié ses bulletins de salaires mirobolants, ses affinités avec Saddam Hussein (encore lui) avec un titre mémorable "FIRE CHIEFS ARE SADDAM STOOGES", une photo de lui avec un poster du Che Guevara dans son bureau ("FIRE CHIEF IS HARD-LEFT STOOGE") le Sun a sorti le coup de massue en dévoilant la nature infidèle du pompier.... comme George Galloway, tiens, tiens.
Une manière gonflée, débridée et originale de séduire un lectorat populaire (working class) chez qui le Sun développe, paradoxalement, des thèses libérales (anti taxes, anti immigration, anti service public...). Attention cependant, la presse britannique étant soumise à bien moins de contraintes que la presse francaise. S'il est facile de porter plainte et de gagner contre un journal francais qu'on estime diffamatoire, un anglais n'aura que ses larmes pour pleurer. La presse britannique n'est pas soumise à un armada de lois sur le respect de la vie privée mais s'autorégule à travers son organisme: The Press Complaint Commission. Lui-même apprécie la pertinence d'un article conspué. Si l'info est considérée comme d'"intérêt public" au sens large par le PCC, elle trouve toute sa légitimité.
Le projet Springer n'aura donc peut-être pas autant de marge de manoeuvre que son confrère britannique mais le jeu en vaut la chandelle.

10 janv. 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
Hiya. I was considering adding a website link back to your blog since both of our sites are based mostly
around the same topic. Would you prefer I link to you using your site address:
http://www.blogger.com/comment.g?blogID=1489298715120566720&postID=5714271389005095274 or blog title: Blogger:
Les dessous du Sun. Please let me know at your
earliest convenience. Cheers
my weblog recovery
Enregistrer un commentaire