11 janv. 2007

Chirac est un ver


Parce que le président Jacques Chirac ne s'est pas rallié du côté des va-t-en-guerre, le Sun l'affubla d'un surnom disgrâcieux: le "Worm".
En février 2003, une édition française gratuite fût spécialement créée et distribuée à Paris pour faire entendre la voix du Sun au français. A l'origine de cette Une provocante, Trevor Kavanagh, le journaliste politique emblématique du Sun. Quand je lui ai naivement demandé pourquoi il en voulait autant aux français, voici ce qu'il m'a répondu "Bonjour Jordan. I'm sorry if you felt offended by my article. In fact, I thought I let the President off rather lightly. Others on rival newspapers made quite unpleasant personal attacks on Chirac. I spelled out the case against him fairly reasonably and pointed out that he is playing for very high stakes. Indeed, he has put not just the future of Nato at risk but the long term stability of the European Union and France's role in it as one of its historic leading players. I do hope you will not misinterpret our criticisms of the French government at various times as attacks on the French people, for who we have the warmest admiration and affection. Best wishes, Trevor Kavanagh."

Quand Lady Diana est morte

Après le divorce du prince Charles et de lady Di en 1996, la chasse à Diana et son eventuel amant s'est intensifiée jusqu'à ce qu'on découvre qu'elle entretenait une relation sérieuse avec un Dodi Fayed, un homme intriguant et richissime fils de Mohammed Al-Fayed, le propriétaire du magasin Harrods à Londres et du palace Ritz à Paris. L'été 2007, à Saint-Tropez, des photos de paparazzi où l'on surprend Diana et Dodi s'embrasser fougueusement sur un yacht sont vendues £300 000 au Sunday Mirror. Avec une telle somme, on comprend que les "razzi" soient à l'affût de chaque geste de Diana jusqu'à assister à cette nuit tragique du 30-31 août 1997 quand la voiture du couple s'est écrasée sous le pont de l'Alma, à Paris, causant leur mort.

La disparition de Diana a frappé l'Angleterre qui a aussitôt déplacé sa colère sur les paparazzi, accusés d'être à l'origine de l'accident. Le dégout aussi en pensant que les photographes, les premiers sur place, ont pu retarder l'arrivée des secours en prenant des photos avant d'appeler le SAMU. Le lendemain de la mort de Diana, son frère Earl Spencer n'y est pas allé par 4 chemins en accusant la presse tabloid et ses dirigeants d'avoir détruit sa vie et d'être largement responsable de sa mort. La télévision comme la radio ont relayé cette accusation et on pouvait entendre en boucle des auto-proclamés lecteurs du Sun ou Mirror jurer qu'ils n'achèteraient plus jamais leur tabloid. En réalité, ils ont fait tout le contraire. Les éditions spéciales commémorant la mort de Diana se sont vendues en quantités record et ont donc attiré de nouveaux lecteurs. Des mois après l'accident, les spéculations sur la cause de sa mort, l'appel aux dons pour créér un mémorial, des révélations sur les dernières semaines de sa vie, des photos inédites continuaient de gonfler les ventes. La "Princess of Sales" comme on la surnommait au Sun continuait de rapporter même après sa disparition. Même le divorce discret de Earl Spencer en Afrique du Sud fera l'objet d'une couverture tabloid disproportionnée. Ca lui apprendra...

Arthur Edwards, sa majesté du Sun

Arthur Edwards, 65 ans, est l'un des plus anciens salariés du Sun. C'est le chroniqueur et photographe de la famille royale britannique., qui chroniquait d'ailleurs encore ce matin sur la future reine Kate Middleton. Un monarchiste pur sucre, toujours amoureux de Lady Diana qu'il a accompagnée dans tous ses déplacements officiels, que j'ai rencontré un jour dans les couloirs du SUN. Depuis nous nous sommes revus pour un faire son portrait, publié en novembre dans VSD, à la rubrique "Tête d'affiche". Sa passion pour son métier semble héréditaire puisque son fils John Edwards est devenu par la suite le chef du service photo du quotidien anglais.

10 janv. 2007

De l'importance d'un quotidien populaire en France

Quand Marie Drucker s'est offusquée qu'un mag relate sa relation avec un ministre, je me suis dit qu'elle avait un certain culot. Si elle voulait rester dans l'anonymat, elle n'avait qu'à sortir avec un caissier de Carrefour mais evidemment, c'est moins fun qu'un ministre en vue.

Il est donc temps que la presse francaise se lache un peu plus et l'arrivée d'un journal populaire en France est salutaire.

Il peut-être d'intérêt public de dévoiler la vie privée d'un ministre . Je ne voudrais pas être gouverné par un adepte de l'Eglise de scientologie, un alcoolique invétéré ou un mari violent.

Si l'on ne s'étonne pas de cette relation Drucker/Baroin , c'est peut-être parce qu'on accepte depuis trop longtemps en France la promiscuité entre le milieu politique et le milieu journalistique... faisant de notre presse francaise la voix de son maître, qui peine à sortir d'un discours consensuel.

Journaliste collaborateur du Sun et ancien feature writer à la rédaction du Sun à Londres (le seul francais a avoir jamais mis les pieds dans cette rédaction), je peux vous dire que l'ennemi numéro 1, c'est le "knee jerking journalism" ou comment courber l'échine devant des hommes politiques qui sont comme vous et moi, des hommes avec un peu plus de relations pour acceder au pouvoir ;-) (On y apprend en revanche le "earthquake journalism" (journalisme de tremblement de terre, journalisme sismique?) où comment, dans une frénésie jouissive, on peut changer la Une et transformer les quatres pages suivantes de A à Z jusqu'à une demi-heure avant le bouclage en sautant sur n'importe quel témoin oculaire, photographe ou expert disponible sur le territoire)

Bien que son directeur Chris Roycroft-Davis considère The Sun comme un "divertissement du matin", avant tout, il sait que sa puissance (3.5 millions d'exemplaires vendus chaque jour) donne une importance presque capitale à chaque info publiée. Au passage, chaque desk pouvant faire relire ses papiers par des avocats, salariés du Sun, avant l'heure du bouclage. Donc, à moins que l'homme politique en question soit vraiment très populaire, Le Sun n'hésite pas à le faire plier par des moyens divers quand le combat d'idées est trop difficile.

Ex: Le député George Galloway, farouchement opposé à la guerre, était la cible du Sun qui soutenait la position "patriote" du premier ministre Tony travailliste Tony Blair. Et tout était bon pour le discréditer: "Georges Galloway l'ami de Saddam", "Galloway islamiste" jusqu'à "Georges Galloway a une maitresse". Le Sun présentera finalement des excuses discrètes ("We are happy to correct the record and apologise to Mr Galloway for the error blablabla") pour s'être trompé.

Idem pour Andy Gilchrist, le chef du syndicat des pompiers à l'origine de grèves jugées inacceptables par Rebekah Wade, la rédactrice en chef (qui s'est faite connaitre quand, à la tête du News Of the World, elle lanca une campagne "named and shamed" avec les adresses et photos de dizaines de pédophiles ayant purgé leur peine). Les papiers "faits-divers" montrant des maisons incendiées où les pompiers sont arrivés trop tard n'ont jamais été si nombreux. Après avoir publié ses bulletins de salaires mirobolants, ses affinités avec Saddam Hussein (encore lui) avec un titre mémorable "FIRE CHIEFS ARE SADDAM STOOGES", une photo de lui avec un poster du Che Guevara dans son bureau ("FIRE CHIEF IS HARD-LEFT STOOGE") le Sun a sorti le coup de massue en dévoilant la nature infidèle du pompier.... comme George Galloway, tiens, tiens.

Une manière gonflée, débridée et originale de séduire un lectorat populaire (working class) chez qui le Sun développe, paradoxalement, des thèses libérales (anti taxes, anti immigration, anti service public...). Attention cependant, la presse britannique étant soumise à bien moins de contraintes que la presse francaise. S'il est facile de porter plainte et de gagner contre un journal francais qu'on estime diffamatoire, un anglais n'aura que ses larmes pour pleurer. La presse britannique n'est pas soumise à un armada de lois sur le respect de la vie privée mais s'autorégule à travers son organisme: The Press Complaint Commission. Lui-même apprécie la pertinence d'un article conspué. Si l'info est considérée comme d'"intérêt public" au sens large par le PCC, elle trouve toute sa légitimité.

Le projet Springer n'aura donc peut-être pas autant de marge de manoeuvre que son confrère britannique mais le jeu en vaut la chandelle.

9 janv. 2007

Le Sun, what is it?

Le Sun est le plus gros journal britannique. Il s'écoule à plus de 3.4 millions d'exemplaires chaque jour et se vante d'une armée de 9 millions de lecteurs. La recette de ce succès? Des scoops, des infos, du sport et du divertissement. Un prix bas et quelques scandales le rendent incontournables pour le "White van man" ou les ouvriers avides d'un peu de lecture avant de commencer la journée de travail.

6 lecteurs sur 10 sont ce qu'on appelle en Angleterre, des "commuters", bref des gens qui lisent le Sun en allant au travail. C'est le cas par exemple avec Métro ou 20 Minutes chez nous. D'après les études menées par le quotidien lui-même à l'intention des publicitaires, les lecteurs sont à 57% des hommes. Une tendance que souhaite infléchir Rebekah Wade, la jeune rédactrice en chef du Sun, débarquée en 2003.

Bien qu'il soutienne le parti travailliste depuis l'avènement de Tony Blair en 1997("We cannot back loosers. We stick to public opinion" m'a dit un jour son ancien directeur Chris Roycroft-Davis, tordant le cou à ceux qui pensent que le Sun a influencé les résultats des élections) et cible les milieux populaire, le Sun défend des idées à la fois libérales et nationalistes. Il se vante aussi d'avoir plus de lecteurs de CSP+ que le très sérieux Financial Times.